Vaste sujet que celui du choix des mouches!
Avant de rentrer dans le vif du sujet, il est bon de rappeler qu’il existe deux catégories de mouches.
Les mouches destinées aux poissons et les mouches destinées aux pécheurs!
Certains vont sans doute sourire mais il s’agit bien de deux choses totalement différentes.
Il y a donc le monteur de mouches imitatives et « décoratives » qui tentera toujours de s’approcher de la perfection en utilisant des matériaux et des techniques de plus en plus abouties.
Et le monteur de mouches de « pêche » qui lui cherchera à obtenir les modèles les plus efficaces pour les poissons recherchés. Malheureusement la plus belle mouche du monde pourra faire gagner le concours de montage du « Mustad » mais sera sans doute complétement inefficace pour la pêche…
Le but de cet article sera donc de vous présenter mes mouches de pêche et partager avec vous mon analyse.
Traquer les truites et ombres de rivière à la mouche nécessite déjà de s’intéresser aux poissons et à leur mode d’alimentation. Il faudra donc également bien connaître et comprendre l’écosystème qui entoure ces poissons.
Les truites et les ombres vont donc s’adapter au cycle de vie des invertébrés et des autres poissons de la rivière.
- Il faut donc pouvoir proposer des imitations d’insectes au stade larvaire et autres invertébrés vivants à proximité du fond tels que les gammares : les nymphes
- Il faudra également proposer des imitations d’insectes préparant leur ascension vers la surface de l’eau :les nymphes de surface
- Quelques montages de la courte phase d’émergence de ces insectes seront également nécessaires: les émergentes
- Pour ceux que certains appelle la « technique reine » de la pêche à la mouche sèche il faudra des modèles imitant les insectes dans leur phase d’imago, de subimago et de spent (insecte mort): les mouches sèches
- N’oublions pas que la truite est aussi un poisson carnassier, il sera intéressant également de posséder quelques imitations de ses proies (chabot, vairons, loches et autres petits poissons de rivière): les streamers
Qu’il s’agisse de nymphe, d’émergente de sèche ou de streamer l’imitation que vous allez nouer à votre fil sera le dernier maillon avant le poisson que vous recherchez. Avant de prendre un poisson, beaucoup de paramètres rentrent en ligne de compte:
Votre matériel (canne, moulinet soie, bas de ligne…), vôtre maitrise et votre adaptation aux face aux différentes situations qui peuvent se présenter, votre connaissance de la rivière (profondeur, force du courant, température…) et surtout votre expérience et votre confiance en vous
Tout ceci forme un ensemble qui conduit ou pas à la réussite. Tout baser sur le matériel est une erreur, tout baser sur les mouches en est une aussi. Ainsi vous pouvez posséder dans votre gilet 10 boîtes de mouches différentes et ainsi « promener » plusieurs milliers de mouches au bord de l’eau, cela n’augmentera pas forcément vos chances de faire du poisson.
Rien de pire que d’ouvrir une boite garnie de mille mouches, cela rassure au début, mais lorsqu’il est venu le temps d’en choisir une pour pêcher, on hésite. Cette longue hésitation nous fait choisir une mouche un peu au hasard et sans trop de convictions. Le résultat devient alors hasardeux.
Bien que beaucoup de grands pêcheurs me l’ont toujours dit, il m’a fallu du temps pour admettre que peu de modèles étaient suffisants et que la présentation de la mouche avait beaucoup plus d’importance que la mouche elle-même. Aujourd’hui j’en suis convaincu! C’est ainsi que j’ai fortement réduit le poids mon équipement et particulièrement le nombre de mouches que j’emporte avec moi.
Tout tient désormais dans une boîte « unique », avec laquelle je suis prêt à faire face à la plupart des conditions.
Cette boîte la voici:
La face « émergentes » et « sèches »:
Chaque modèle présent dans cette boîte à fait ses preuves et j’ai donc entièrement confiance en chacune de ces mouches, ce qui pour moi est primordial. Je vais vous expliquer les modèles indispensables selon moi.
Les nymphes:
La pêche en nymphe est un sous domaine très vaste de la pêche à la mouche. Pour certains pêcheurs cette technique ne mérite pas qu’on s’y attarde car la pêche, « la vraie » c’est celle de la pêche en mouche sèche. Et bien chacun son point de vue et ses gouts. Personnellement je trouve cette pêche passionnante et très productive! Je ne me suis jamais amusé à calculer mes prises mais je pense que sur une saison de pêche je prends plus de 2/3 des poissons en pêchant en nymphe.
Il existe dans la pêche en nymphe deux grandes techniques:
- La pêche en nymphe dite « au fil »
- La pêche en nymphe à vue
La première est très sensitive et s’apparente beaucoup à la pêche au toc. Elle nécessite de bien connaitre la rivière et surtout les zones de courant.
La deuxième est comme son nom l’indique très visuelle et nécessite une très bonne connaissance du poisson et de ses habitudes.
Je décrirai précisément chacune de ces technique dans des articles spécifiques plus tard.
Dans une rivière le poisson (ombre ou truite) peut se nourrir de nymphes de trois manières différentes:
1er cas: Collé au fond dans une zone de courant, le poisson viendra chercher les nymphes ou autres invertébrés dérivant à proximité du fond. Il se déplacera souvent sur de faibles distances pour venir chercher sa nourriture sans trop dépenser d’énergie (surtout dans les eaux froides de début de saison). C’est donc au pêcheur de faire arriver la nymphe au plus près du poisson.
Dans cette situation il est très important de posséder le bon lestage de nymphe. la vitesse d’immersion de la nymphe et sa dérive est pour moi le facteur le plus important. Les billes en tungstène sont indispensables.
J’utilise ce genre de nymphe:
2ème cas: Situé entre deux couches d’eau, ou proche de la surface, le poisson s’intéressera cette fois aux nymphes se dirigeant vers la surface de l’eau afin de préparer leur métamorphose en insecte volant. Le poisson sera alors très actif et pourra cette fois ce déplacer sur de plus longues distances et viendra parfois saisir de manière brutale une nymphe pour ne pas qu’elle lui échappe.
Dans cette situation, il est important d’avoir une nymphe légère et de la bonne taille et gamme de couleur correspondant à la nymphe à imiter.
Pour celà j’utilise ce genre de modèles:
3ème cas: Dans les zones calmes à plus ou moins faible profondeur et souvent sur les bordures, le poisson patrouillera en effectuant des circuits parfois très précis à la recherche de n’importe quels invertébrés à sa portée. Le plus important dans cette situation est de parvenir à approcher le poisson sans qu’il ne devine notre présence. Généralement le poisson qui agit ainsi est opportuniste et si l’approche a été réussie et que la nymphe lui est correctement présentée, il ne sera pas difficile à leurrer et prendra toutes sortes de nymphes.
Dans cette situation, il est important d’avoir bien pris le temps d’observer le poisson et d’attendre le meilleur moment pour lancer sa nymphe dans la plus grande discrétion. Il est donc impératif de prendre un modèle de nymphe dans lequel on a le plus confiance.
Mes nymphes favorites que j’utilise dans ce contexte sont principalement les suivantes:
Les émergentes:
Même si le stade de l’émergence d’une mouche est un stade très bref, il s’agit pour les poissons du stade le plus intéressant. En effet, en plein émergence, l’insecte est le plus vulnérable! Il est donc très important de posséder de bonnes imitations émergentes! La clef d’une imitation émergente est d’être le plus proche de la surface de l’eau. Le choix et la disposition des matériaux sont donc très importants!
La plupart de mes mouches émergentes sont réalisées à base de plumes de cul de canard. Il serait aujourd’hui absurde de ne pas les utiliser tant ce matériau est magique! Le célèbre monteur Marc Petijean, l’a compris depuis longtemps et fabrique presque exclusivement ses mouches à partir de fibres de cul de canard, et ses mouches ont depuis longtemps fait leurs preuves!
Il serait aussi dommage de ne pas utiliser les poils de lièvre et de passer à côté d’une émergente incontournable qu’est la très célèbre « oreille de lièvre ». Cette mouche souvent oubliée dans les boîtes des pécheurs sans doute à cause de sa simplicité rudimentaire et de son aspect « brouillon » reste une des plus efficaces!
D’autres matériaux naturels ou synthétiques sont utilisables, le seul impératif étant de produire une mouche flottant bas sur l’eau.
Voici des exemples de mouches émergentes que j’affectionne particulièrement:
Les sèches:
Contrairement aux émergentes, les mouches sèches sont le stade final du cycle des invertébrés aquatiques. Il s’agit principalement d’imiter les insectes volants qui reviennent pondre leur œufs à la surface de l’eau tels que les phryganes et éphémères. Mais il peut s’agir aussi de l’imitation de fourmis volante, sauterelles ou autres scarabée qui eux aussi peuvent se retrouver à la surface de l’eau.
Ces imitations seront généralement plus fournies que les émergentes, et biensur composées de matériaux assurant une très bonne flottabilité.
J’ai commencé la pêche à la mouche avec des modèles de mouches sèches fabriquées à l’aide de hackle de coq. Le fameux « palmer », la « french tricolore » et bien d’autres mouches en hackle étaient au début mes seules références. J’ai fait mes premiers pas à la mouche en traquant les gros chevesnes du canal derrière chez mes parents et je dois dire que les mouches en hackle roux n’ont jamais eu leur égal! En rivière aussi ces mouches à haute flottaison sont efficaces, particulièrement sur les zones de courant. Mais il faut l’avouer le hackle n’a plus le succès d’antant et aujourd’hui bien d’autres matériaux naturels ou synthétiques permettent la réalisation de mouches sèches très efficaces.
Le montage de mouches sèches fait appel lui aussi à l’utilisation de plumes de cul de canard en variant la quantité disposée sur l’hameçon. Le poil de cervidé (chevreuil, cerf, daim…) est lui aussi incontournable! La particularité ce poil réside dans le fait qu’il soit creux et donc rempli d’air. Il est un matériau de choix pour la réalisation des fameux « sedges » qui sont les imitations des imagos de Tricoptère tels que la « grande phrygane ».
L’utilisation de mousse synthétiques (appelé FOAM), de néoprène et de fibres hygrophobe permettent une infinité de montages d’insectes terrestres ou volant.
En action de pêche une mouche sèche pour être efficace doit bien flotter et comme son l’indique doit rester sèche. Il existe sur le marché toute sortes de produits plus ou moins respectueux de l’environnement pour assurer le séchage et la flottaison des mouches. Personnellement je ne suis pas un grand fan de ses produits. Depuis de longues années, je me contente de passer ma mouche mouillée dans un mouchoir en papier, ce dernier absorbe très bien l’humidité.
Concernant les mouches sèches, l’importance de la ressemblance entre la mouche réelle et son imitation font souvent débat.
Personnellement je cherche de moins en moins la ressemblance parfaite. Je me limite à essayer de respecter la taille, la forme d’ensemble et la cohérence de couleur.
Biensur comme beaucoup il m’arrive encore de tomber sur des poissons très actifs en surface et de ne pas parvenir à les faire prendre ma mouche. Ne jamais tout comprendre complétement fait aussi le charme de la pêche.
Les modèles de mouches sèche que j’utilise le plus sont ceux-ci:
Les streamers:
« L’intégriste » de la pêche en sèche pour qui la pêche à la nymphe est indigne du pêcheur à la mouche, verra souvent la pêche au streamer comme une hérésie. Combien de fois j’ai pu entendre qu’il ne s’agissait que d’une pêche aux leurres déguisée! Et bien comme toujours chacun fait ce qu’il veut et chacun fait le choix ou non de restreindre ses possibilités de prendre du poisson.
Pourtant il ne faut pas oublier que la truite est un poisson carnassier, et manger des vairons, chabots ou autres petits poissons fait parti de son régime alimentaire et de ses habitudes.
Bien qu’il ne s’agisse pas de ma pêche favorite, dans certaines conditions je prends plaisir à faire de jolis poisson avec cette technique.
Pour moi la technique de pêche au streamer ressemble beaucoup à la pêche en noyée.
La grosse différence réside dans la profondeur de pêche et la manière de ramener le steamer.
J’utilise cette technique dans les veines de courant et la principale contrainte est de trouver le streamers possédant le lestage approprié.
Je décrirai également cette technique précisément dans une autre article.
J’utilise donc principalement des modèles de streamers fortement lestés avec des billes ou casques de tungstène.
Voici des exemples de streamers efficaces:
J’espère avoir fait un article complet qui permettra au débutant de mieux savoir qu’elle mouche choisir. N’oubliez pas que souvent simplicité rime avec efficacité, et qu’il vaut mieux posséder que quelques modèles de mouches dans lesquelles on a entièrement confiance que mille mouches qu’on ne connait pas.
A bientôt
Clément
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